Souvenirs du futur
Souvenirs du futur est le titre du film qui sera produit pour Camera Obscura.
C’est un enchaînement de séquences construites en suivant ce manifeste.
Cette page rassemble différents éléments liés à l’écriture de ce film.
Construction
Une vingtaine de fragments qui s’enchaînent. Chaque fragment est numéroté et les fragments sont séparés par des intertitres (chapitrage). Les fragments sont courts ou longs ; avec ou sans voix off ; en animation ou en prise de vue réelle ; portés sur une histoire anecdotique ou un fait général.
Liste des souvenirs
- Le jour où personne ne s’est levé
- Le niveau de l’eau
- Le plein emploi
- La mode
- Une période heureuse (les gens étaient heureux même dans les files d’attente)
- Le jour où la lune s’est écrasée sur terre
- Le bon sens
- La mutation
- Les vacances à Saint-Tropez
- Le podium
- La blague
- Une période malheureuse (les gens étaient malheureux même dans les parcs d’attractions)
- Le Golden Record
- La température idéale
- Le comportement
- La conversation
- L’ultime chanson
Tableur
Les séquences du film sont détaillées dans ce tableau : sequences.ods
Éléments
Générique début
Prologue
Une personne assise sur un rocher, regarde la mer. Un bateau passe au loin, en signalant sa présence avec une sirène.
Je me souviens les guerres de l’eau. Des fêtes qui n’en finissaient pas dans les centres commerciaux abandonnés, le discours des “deux façons de voir les choses” et la révolte du paradigme. Je me souviens du mot interdit, les bonbons à la betterave, la première nouvelle couleur, la deuxième nouvelle couleur, comment on était bien dans ce village sans nom, l’interdiction de regarder les agents dans les yeux. Deux couchés de soleil dans la même journée, je me souviens des mouches qui nous tournaient autour. qui a écrit cette chanson ? personne n’a écrit cette chanson, cette chanson s’est écrite toute seule.
Les lots de chaussettes dépareillées dans les magasins, la publicité pour “le feu sans fumée”. Je me souviens la mort de la science-fiction, traverser l’atlantique à pied, ce livre que tout le monde prétendait avoir lu, l’objet perdu, la météorite. une fine couche de neige sur les toits ce matin de janvier.
Je me souviens du jour où personne ne s’est levé
Une personne dans son lit, la lumière du petit matin entre par la fenêtre.
Tout le monde adore être dans son lit.
Un jour les gens adorèrent tellement être dans leur lit, que sans se passer le mot personne ne se leva.
Les personnes qui n’avaient pas de lit ou qui n’étaient pas dans leur lit à ce moment là, se sont précipités vers le premier lit qu’ils trouvèrent.
D’autres qui pour une raison que personne ne peut expliquer, n’avaient pas particulièrement envie d’être dans un lit, ont profité de l’occasion pour devenir les maîtres du monde.
Le niveau de l’eau
Une place de village, une personne rentre chez elle, le niveau de l’eau monte, engloutis le village. Une baleine et des poissons traversent le champ. Le niveau de l’eau redescend, on fait sécher du linge.
Le plein emploi
Un plan large de l’espace public, où des gens s’affairent.
Les métiers des gens ne ressemblaient en rien à ce que le monde avait connu jusque là. Le travail de la personne assise à la terrasse là-bas c’était de boire du café. La personne qui marche avec le sac de course son métier c’était de toujours savoir l’heure. Telle autre personne avait pour travail de se cacher derrière des arbres. Même ne rien faire était devenu un métier.
La mode
Une personne surligne au feutre les détails d’une photo intemporelle.
La mode c’est des cycles de toute façon. Quelque chose qui était tendance il y a un siècle peut être démodé aujourd’hui et de nouveau à la mode dans un siècle. Et ça vaut autant pour les vêtements que pour l’architecture et même la façon de parler. Là par exemple quand je vois une image comme ça je me dis ça fait très 26e siècle. Mais ça pourrait être aussi les années 2200 parce que en vrai, esthétiquement le 26e siècle c’était juste un retour aux années 2200. Et pendant les années 2200 on était très influencés par la première moitié du 21e siècle… Donc c’est difficile de trancher, il faut bien connaître les périodes et se fier à des petits détails…
Une période heureuse (les gens étaient heureux même dans les files d’attente)
Une queue devant la pharmacie.
Le jour où la lune s’est écrasée sur terre.
Une personne chez elle à table mélange le contenu de ce qui semble être un verre d’eau à l’aide d’une cuillère. Gros boum, l’image tremble. La personne lève les yeux un instant puis recommence à touiller son eau.
Le bon sens
La une d’un quotidien relate l’information. La personne qui lit ce journal le retourne puis s’équipe de lunettes spéciales. Une autre personne lit le journal la tête complètement retournée. Une autre personne lit le journal complètement retournée. finalement tout est retourné.
Un jour, une personne très influente a été vue en train de tenir le journal à l’envers. Très vite, tout le monde s’est mis à l’imiter et c’est devenu l’usage. Pour simplifier la lecture on s’équipait de lunettes spéciales. On a ensuite inventé des dispositifs permettant de retourner, d’abord seulement la tête, puis le corps et bientôt les maisons, les arbres, les voitures, les villes et le reste. À partir du moment où tout s’est retrouvé dans le même sens, on a vite oublié l’incident.
La mutation
Fondu au noir du plan précédent.
Même si personne n’était d’accord sur les raisons d’un tel changement, tout le monde est bien obligé de constater que la puissance du soleil déclinait.
Intertitre.
Imperceptiblement les journées étaient de plus en plus sombres et commençaient à ressembler aux nuits. Génération après génération les humains évoluèrent pour s’adapter à cette situation.
Des yeux s’ouvrent dans l’obscurité. Une lampe torche s’allume et dévoile le corps d’un humain mutant (qui ressemble un peu à un chat).
Les vacances à Saint-Tropez
Une sorte de diaporama de photos de vacances dans des décors indus.
Le podium
Tout a commencé quand une personne très influente est arrivée quatrième et s’est plainte de ne pas être sur le podium. Mais comme quatre marches c’était pas beau, on a tout de suite décidé d’en faire cinq. Le cinquième qui n’avait rien demandé était bien content, Mais le sixième et le septième pas du tout. Une chose en entraînant une autre on s’est retrouvé avec vraiment beaucoup de marches. Monter tout en haut est devenu difficile, très long et épuisant. Une chose en entraînant une autre, monter en haut du podium est devenu le nouveau sport.
La blague
Une personne face caméra esquisse un très subtil sourire.
De temps en temps on faisait semblant d’oublier le nom de la ville et du pays dans lesquels on habitait. C’était une blague très populaire et très représentative de l’humour pratiqué à cette époque.
Une période malheureuse (les gens étaient malheureux même dans les parcs d’attraction)
Un groupe de personnes tristes dans un grand huit. Le chariot finit par s’immobiliser au milieu de l’attraction.
Le Golden Record
Une fusée s’envolle.
À la fin du 20e siècle, on avait fabriqué un disque en or sur lequel on avait gravé des musiques et d’autres traces d’humanité et on l’avait envoyé dans l’espace.
Un autre habitant de l’univers observe le golden record.
C’était un genre de cadeau destiné aux autres habitants de l’univers en espérant que ça leur ferait plaisir. Les autres habitants avaient fini par répondre 100 ans plus tard en envoyant un petit mot de remerciement très poli mais un peu convenu.
Une personne devant son ordinateur.
La déception fut totale quand on retrouva le disque d’or en vente sur un site de petites annonces.
La température idéale
Une personne enfile des doudounes les unes après les autres.
Le comportement
Une personne inquiète regarde de droite à gauche.
Naturellement les individus n’avaient aucun moyen de savoir si il étaient surveillés, par qui et pourquoi. Mais le simple fait d’imaginer que ça puisse être le cas déclenchait chez certains des comportements suspects.
Mains qui tremblent, sueurs froides, apparition de rougeurs au visage. Pulsations cardiaques trop intenses au niveau des carotides.
Un individu qui cumulait plusieurs de ces marqueurs était rapidement pris à partie par ses congénères. Mais en cherchant à justifier son comportement, il n’aurait fait qu’exacerber leur imagination quand aux raisons de sa fébrilité.
Regards d’un groupe de personnes qui évitent le contact visuel ou qui, a contrario, cherchent le contact avec d’autres individus éloignés.
Il suffisait donc d’éviter de fournir des détails inutiles, donner des réponses simples, ne pas nourrir les fantasmes des autres. Et en général, ça se passait bien.
Ding. L’image se fige.
La conversation
Une longue conversation téléphonique passionnée pendant laquelle deux personnes ne disent rien.
L’ultime chanson
Une mélodie jouée en gros plan sur un clavier.
Il n’existe pas une infinité de mélodies possibles. À une époque où on pensait les avoir toutes inventées ce qui plongea le monde de la composition musicale dans une longue période de crise.
Un chanteur interprète un tube interplanétaire.
Puis un jour, un chanteur découvrit une nouvelle mélodie qui avait, pour une raison que personne ne peut expliquer, échappé aux générations précédentes. Cette ultime chanson devint vite un tube interplanétaire, c’était une légère variation d’un célèbre morceau de la fin du deuxième millénaire.
Épilogue
Une personne émerge de l’eau, et flotte doucement dans la mer.
Je me souviens que tout était différent, toujours, différent et pourtant pareil, on ne s’y attendait pas, il n’y a plus de saison, il y a trop de saisons, il y a juste assez de saisons, la cruauté des humains n’a pas de limite, la cruauté des humains a des limites, c’est le meilleur petit-déjeuner de ma vie, qui a laissé la fenêtre ouverte ? j’ai déjà vu ça quelque part. Tout change, rien ne change, et chaque génération qui pense être la première génération du futur et qui finit par découvrir, amère, qu’elle n’est que la dernière génération du passé.