SOUVENIRS DU FUTUR textes au 4/9/2024
Séquences
- Prologue
- Le jour où personne ne s’est levé
- Le niveau de l’eau
- Le plein emploi
- La mode
- Une période heureuse (les gens étaient heureux même dans les files d’attente)
- Le jour où la lune s’est écrasée sur terre
- Le bon sens
- La mutation
- Les vacances à Saint-Tropez
- Le podium
- La blague
- Une période malheureuse (les gens étaient malheureux même dans les parcs d’attractions)
- Le Golden Record
- La température idéale
- Le comportement
- La conversation
- L’ultime chanson
- Épilogue
1. Prologue
Je me souviens les guerres de l’eau. Des fêtes qui n’en finissaient pas dans les centres commerciaux abandonnés, le discours des “deux façons de voir les choses” et la révolte du paradigme. Je me souviens du mot interdit, les bonbons à la betterave, la première nouvelle couleur, la deuxième nouvelle couleur, comment on était bien dans ce village sans nom, l’interdiction de regarder les agents dans les yeux. Deux couchés de soleil dans la même journée, je me souviens des mouches qui nous tournaient autour. qui a écrit cette chanson ? personne n’a écrit cette chanson, cette chanson s’est écrite toute seule.
Les lots de chaussettes dépareillées dans les magasins, la publicité pour “le feu sans fumée”. Je me souviens la mort de la science-fiction, traverser l’atlantique à pied, ce livre que tout le monde prétendait avoir lu, l’objet perdu, la météorite. une fine couche de neige sur les toits ce matin de janvier.
2. Le jour où personne ne s’est levé
Tout le monde adore être dans son lit.
Un jour les gens adorèrent tellement être dans leur lit, que sans se passer le mot personne ne se leva.
Ceux qui n’avaient pas de lit, ou qui n’étaient pas dans leur lit à ce moment là, se sont précipités vers le premier lit qu’ils trouvèrent.
D’autres qui pour une raison que personne ne peut expliquer, n’avaient pas particulièrement envie d’être dans un lit, ont profité de l’occasion pour devenir les maîtres du monde.
3. Le niveau de l’eau
4. Le plein emploi
Les métiers des gens ne ressemblaient en rien à ce que le monde avait connu jusque là. Le travail de la personne assise à la terrasse là-bas c’était de boire du café. La personne qui marche avec le sac de course son métier c’était de toujours savoir l’heure. Telle autre personne avait pour travail de se cacher derrière des arbres. Même ne rien faire était devenu un métier.
5. La mode
La mode c’est des cycles de toute façon. Quelque chose qui était tendance il y a un siècle peut être démodé aujourd’hui et de nouveau à la mode dans un siècle. Et ça vaut autant pour les vêtements que pour l’architecture et même la façon de parler. Une image comme celle là est vraiment difficile à dater. Il faut bien connaître les périodes et se fier à des petits détails…
6. Une période heureuse (les gens étaient heureux même dans les files d’attente)
7. Le jour où la lune s’est écrasée sur terre.
8. Le bon sens
Un jour, une personne très influente a été vue en train de tenir le journal à l’envers. Très vite, tout le monde s’est mis à l’imiter et c’est devenu l’usage. Pour simplifier la lecture on s’équipait de lunettes spéciales. On a ensuite inventé des dispositifs permettant de retourner, d’abord seulement la tête, puis le corps et bientôt les maisons, les arbres, les voitures, les villes et le reste. À partir du moment où tout s’est retrouvé dans le même sens, on a vite oublié l’incident.
9. La mutation
Même si personne n’était d’accord sur les raisons d’un tel changement, tout le monde est bien obligé de constater que la puissance du soleil déclinait.
Imperceptiblement les journées étaient de plus en plus sombres et commençaient à ressembler aux nuits. Génération après génération les humains évoluèrent pour s’adapter à cette situation.
10. Les vacances à Saint-Tropez
11. Le podium
Tout a commencé quand une personne très influente est arrivée quatrième et s’est plainte de ne pas être sur le podium. Mais comme quatre marches c’était pas beau, on a tout de suite décidé d’en faire cinq. Le cinquième qui n’avait rien demandé était bien content, Mais le sixième et le septième pas du tout. Une chose en entraînant une autre on s’est retrouvé avec vraiment beaucoup de marches. Monter tout en haut est devenu difficile, très long et épuisant. Une chose en entraînant une autre, monter en haut du podium est devenu le nouveau sport.
12. La blague
De temps en temps on faisait semblant d’oublier le nom de la ville et du pays dans lesquels on habitait. C’était une blague assez populaire et très représentative de l’humour pratiqué à cette époque.
13. Une période malheureuse (les gens étaient malheureux même dans les parcs d’attraction)
14. Le Golden Record
À la fin du 20e siècle, on avait fabriqué un disque en or sur lequel on avait gravé des musiques et d’autres traces d’humanité et on l’avait envoyé dans l’espace. C’était un genre de cadeau destiné aux autres habitants de l’univers en espérant que ça leur ferait plaisir. Les autres habitants avaient fini par répondre 100 ans plus tard en envoyant un petit mot de remerciement très poli mais un peu convenu. La déception fut totale quand on retrouva le disque d’or en vente sur un site de petites annonces.
15. La température idéale
16. Le comportement
Les individus n’avaient aucun moyen de savoir si il étaient surveillés, par qui et pourquoi. Mais le simple fait d’imaginer que ça puisse être le cas déclenchait chez certains des comportements suspects.
Un individu qui cumulait plusieurs de ces marqueurs était rapidement pris à partie par ses congénères. Mais en cherchant à justifier son comportement, il n’aurait fait qu’exacerber leur imagination quand aux raisons de sa fébrilité.
Il valait mieux éviter de fournir des détails inutiles, donner des réponses simples, ne pas nourrir les fantasmes des autres. Et en général, ça se passait bien.
17. La conversation
18. L’ultime chanson
Il n’existe pas une infinité de mélodies possibles. À une époque où on pensait les avoir toutes inventées ce qui plongea le monde de la composition musicale dans une longue période de crise.
Puis un jour, un chanteur découvrit une nouvelle mélodie qui avait, pour une raison que personne ne peut expliquer, échappé aux générations précédentes. Cette ultime chanson devint vite un tube interplanétaire, c’était une légère variation d’un célèbre morceau de la fin du deuxième millénaire.
19. Épilogue
Je me souviens que tout était différent, toujours, différent et pourtant pareil, on ne s’y attendait pas, il n’y a plus de saison, il y a trop de saisons, il y a juste assez de saisons, la cruauté des humains n’a pas de limite, la cruauté des humains a des limites, c’est le meilleur petit-déjeuner de ma vie, qui a laissé la fenêtre ouverte ? j’ai déjà vu ça quelque part. Tout change, rien ne change, et chaque génération qui pense être la première génération du futur et qui finit par découvrir, amère, qu’elle n’est que la dernière génération du passé.